Germinal d'Emile Zola
608 pages, édition le Livre de Poche.
Une des grandes grèves du siècle dernier racontée par un journaliste de génie qui en a fait un réquisitoire, un formidable ” J’accuse ” contre le capital, le roman de la lutte des classes et de la misère ouvrière. Un livre de nuit, de violence et de sang, mais qui débouche sur l’espoir d’un monde nouveau lorsque le héros, Etienne Lantier, quittant la mine ” en soldat raisonneur de la révolution “, sent naître autour de lui une ” armée noire, vengeresse… dont la germination allait bientôt faire éclater la terre “. Germinal marque l’éveil du monde du travail à la conscience de ses droits et c’est au cri sans cesse repris de ” Germinal ! Germinal ! ” que la délégation des mineurs de Denain accompagna le convoi funèbre de Zola à travers les rues de Paris.
C’est presque grisant de ce dire voilà, j’ai lu une oeuvre assez costaud de l’un des plus grands écrivains français. Presque un exploit … Compte tenu du nombre de pages. Et pourtant ce fut une très bonne expérience je ne regrette rien.
Le style de l’auteur : On m’avait prévenu. Zola c’est de la description, généralement très longue et barbante. Suis-je bien tombée en commençant par Germinal ? Surement. De la description oui il y en a, longue oui un peu. Mais ce n’est pas répétitif au point de lâcher l’ouvrage. Un style fluide, avec les explications sur certaines pages nous pouvons voir le travail consciencieux de Zola afin d’intégrer dans une histoire ” fictive ” des faits qui l’ont révoltés. Ce qui m’a entre autre le plus plu, c’est le coeur mis à la tâche. Nous voyons l’auteur prendre possession mais sans se cantonner à des faits où il y a d’un côté les ” bons ” et de l’autre les ” méchants “. Les caractères humains sont mis en valeurs qu’ils soient bons ou mauvais.
Pour l’histoire : Germinal c’est la mise sur papier d’une situation dont la France a été victime : celle de l’exploitation des petits travailleurs qui ne servent qu’à engraisser les plus riches. C’est aussi pointer un doigt accusateur vers les profiteurs et vers les disparités du pays : les riches plus riches et les pauvres encore plus pauvres qu’ils ne le sont …
Pour les personnages : Le fil de l’histoire est conduit par la famille Maheu ainsi que par Etienne Lantier, le nouvel arrivant dans le pays. Celui-ci a un fort tempérament, rêve de gloire malgré sa petite condition. Il sera à l’origine de la révolte des mineurs. Les personnages au début de Germinal sont peints dans la pauvreté pour les familles des mineurs, à peine de quoi manger pour pouvoir se lever le matin et il y règne une sorte de résignation de leurs sorts avant l’arrivée d’Etienne. Quand celui-ci entre en scène la révolte peut commencer contre ces riches qui vivent paisiblement sur le dos des pauvres. Au fil des pages, nous sommes les premiers à voir le changement de ton du livre. En effet, après avoir décris les riches et les pauvres nous pouvons voir des différences entre ces classes sociales autre que la richesse. Des pauvres qui veulent être à la tête du pouvoir pour écraser les autres, et des riches plus que compatissants pour les petits travailleurs.
Pour résumé : Quel formidable récit ! Ecrit sans aucune prise de position, Emile Zola ne condamne pas les pauvres ni les riches car dans les deux camps certains sont horribles. Il dénonce cependant les mauvaises conditions de travail, les mauvais traitements et pour faire crédit les moyens ignobles qu’exigent les patrons des boutiques. Entre période de famine, décès dans les mines, c’est toute la société de Zola que l’auteur remet en cause. Un ouvrage qui nous fait réaliser à nous, descendants de ces personnes à quel point la vie était difficile. J’ai adoré.
Note Globale : 14.5/20